Exposé sur les produits dérivés
Un produit dérivé est un contrat dont la valeur dépend du prix d’autre chose (l’actif sous-jacent), par exemple des actions, des obligations, des matières premières, des instruments monétaires ou même la météo. Les transactions impliquant ce type de produit ont connu un essor considérable dans les années 1980, et représentent désormais la majeure partie de l’activité des marchés financiers.
Les produits dérivés reproduisent à la hausse ou à la baisse les variations du sous-jacent. Ils sont négociés soit sur des marchés de gré à gré (aussi appelés Over The Counter), c’est-à-dire directement entre le vendeur et l’acheteur, soit sur des marchés organisés comme l’Eurex ou le CME.
Même si ces produits sont utilisés à des fins spéculatives car ils permettent un effet de levier important, leur but premier est de se protéger des risques financiers comme l’évolution des prix des matières premières, l’évolution des taux de change. Prenons un exemple simple : vous détenez une société exportatrice européenne, ce qui sera intéressant pour vous est d’investir dans un produit qui verrait sa valeur accroître lorsque l’euro apprécie par rapport au dollar, afin de compenser la perte de change dans le cas d’une vente. Les produits dérivés permettent également de réaliser une transaction plus facile et moins coûteuse que si elle impliquait directement le sous-jacent.
Les grandes classes de produits dérivés
Il existe fondamentalement deux types de produits dérivés, dans lesquels on trouve une multitude d’autres produits, dont nous expliquerons le fonctionnement pour les plus connus.
- Les dérivés fermes comprenant les contrats de gré à gré (forwards), les contrats à terme (futures) et les swaps
- Les dérivés optionnels comprenant les options et les warrants
Les produits dérivés fermes
Les forwards
ce sont des contrats bilatéraux non standardisés, qui sont donc échangés OTC. Ils consistent en un engagement ferme à vendre ou à acheter un sous-jacent à une date future donnée pour un prix convenu. La partie qui s’engage à acheter l’actif prend une position dite longue, et celle qui s’engage à le vendre une position courte. Il existe pour ce type de dérivés un risque de non-paiement de la contrepartie, c’est-à-dire un risque de crédit.
Les futures
Le risque de crédit que l’on trouve avec les forwards n’existe quasiment pas avec les contrats de futures. Le principe est le même, mais ce sont des contrats standardisés, ce qui permet une plus grande liquidité et donc un investissement à plus court terme.
Pour éliminer ce risque, il existe ce que l’on appelle des chambres de compensation. Elles centralisent toutes les transactions pour leurs membres (des institutions financières pour la plupart), gèrent leurs comptes, et réalise les appels de marge. Ce système permet de remettre à jour quotidiennement les comptes d’un membre en fonction de ses gains et pertes, et de lui redemander de réapprovisionner ce compte (marge additionnelle) en cas de trop grosse perte. Ainsi, le risque de crédit est totalement limité, et les établissements n’ont de flux financiers qu’avec la chambre de compensation, qui leur sert de garant.
Les SWAPS
Les deux types de swaps les plus courants sont les swaps de taux d’intérêt et les swaps de change. Il en existe bien d’autres, comme les fameux Credit Default Swaps, qui furent à l’origine de la crise de 2008. Ils permettent d’échanger une protection sur le risque de crédit d’un émetteur d’obligations contre des versements réguliers.
Le premier permet d’échanger un taux d’intérêt variable contre un taux fixe, sans échange de capital, et ainsi de limiter le risque lié à l’évolution du taux variable.
Le second permet d’échanger des taux d’intérêt à moyen ou long terme entre deux devises différentes.
Les produits dérivés optionnels
Les options
Les options consistent en un droit et non une obligation d’acheter (on parle alors d’option « call ») ou de vendre (option « put ») une quantité fixée d’un sous-jacent donné, à une échéance convenue (« option européenne ») ou avant cette échéance (« option américaine »).
C’est ce droit qui s’achète et se vend, contre un « premium ». Si l’acheteur ne veut pas exercer son option, il perdra seulement ce premium. Le gain théorique est en revanche illimité. Contrairement, le gain d’un vendeur d’option est au maximum le premium, et sa perte peut être illimitée.
Les options servent à se couvrir potentiellement contre un risque de hausse ou de baisse de l’actif sous-jacent, ou pour spéculer sur ce cours ou sa volatilité.
Les warrants
ce sont des produits semblables aux options, à plusieurs différences près. Tout d’abord, ils sont émis uniquement par des banques, et ne peuvent être vendus à découvert. Ils permettent également un effet de levier important, car ils demandent une mise de fonds initiale assez faible. Les warrants sont des titres négociables qui peuvent être revendus à tout moment, ce qui rend leur structure semblable à celle des actions.
Pour résumer…
Très en vogue depuis les années 1980, les dérivés sont devenus des produits phares des marchés. Malgré leurs structures de plus en plus sophistiquées et qui facilitent largement la spéculation grâce à l’effet de levier, ces produits répondent pourtant à un réel besoin. C’est le besoin de ce couvrir contre certains risques, de la même façon qu'un contrat d'assurance habitation couvre contre les dégâts dus à un sinistre domestique.
Les marchés de dérivés sont donc une réponse naturelle à ce besoin d’être assuré : comme tout marché, ils permettent à différents acteurs de se rencontrer pour réaliser des échanges mutuellement bénéfiques. Toutefois, ces échanges ne sont pas des biens physiques mais des "quantités de risque".