Investir en Colombie

image description
Par
AMF Bogota.

La Colombie, officiellement République de Colombie, compte plus de 46 millions d’habitants, est le  26ème plus grand pays du monde (soit le 4ème en Amérique Latine), et maintenant la 4ème puissance économique de cette même région. Quels sont ses atouts, quelles sont ses faiblesses ? Cette synthèse va tâcher de les mettre en lumière.
 

I/ Les forces

A. Quelques données économiques & prévisions

Avec un PIB de 365,40 milliards de dollars USD en 2012 (soit un PIB/tête de 10700 dollars USD), la Colombie est la quatrième plus grande économie d'Amérique latine, et ses perspectives de croissance à court terme demeurent dynamiques par rapport à celles des pays de l'OCDE et des autres pays latino-américains. Le pays enregistre en effet des prévisions de croissance de PIB de 4,4% pour 2013, après une croissance à peu près similaire en 2012. Le taux d’inflation diminue lentement depuis 2011 (3,4%) et devrait passer à 2,8% en 2013.

La dette publique s’élevait en 2012 à 40% du PIB du pays, suivant une tendance à la baisse depuis 2004.

La répartition des secteurs économiques donne la part belle aux services, représentant 62% de l’emploi (contre20% pour l’industrie et 18% pour le secteur primaire) et une valeur ajoutée de 55,5% du PIB.

Le taux de chômage a diminué, comme en témoigne le graphique ci-dessous à gauche. Malgré tout, il reste élevé comparé à son niveau à la fois dans les pays de l'OCDE et dans les autres pays d'Amérique latine. Par ailleurs, le secteur informel gangrène l’économie nationale, notamment dans les régions où le salaire minimum est inférieur à la moyenne nationale (jusqu’à 68% des activités dans la région Pacifica).

 

 

 

B. Secteur financier et politique économique

La bourse des valeurs de Colombie dispose de trois indices boursiers, l'indice principal étant l’IGBC (Indice Général de la Bourse de valeurs de Colombie), et les autres le COL20 et le COLCAP. L’IGBC est un indice de liquidité pondérée des titres les plus liquides échangés sur la Bourse de valeurs colombienne, constitué des trente entreprises cotées les plus actives. Cet indice est largement dominé par trois entités : Ecopetrol (37% de la capitalisation boursière), Bancolombia (12%) et Suramerica de Inversiones (10%). L’indice montre actuellement des signes de reprise après avoir chuté en 2008 et 2009.

En ce qui concerne les IDE (investissements directs à l’étranger), on peut noter une progression significative en 2011 et 2012, du fait de la stabilité économique du pays, et cette tendance devrait se poursuivre en 2013. En 2012, les IDE ont atteint 13,234 milliards d’USD. Cette progression fait suite à un ralentissement des IDE au moment de la crise économique mondiale (2008-2009). A l’heure actuelle, plus de 700 entreprises multinationales ont lancé des programmes d'investissement en Colombie, pour beaucoup dans les industries extractives (voir graphique à droite). Quant à la France, elle se positionne parmi les cinq premiers investisseurs en Colombie.

A noter que les IDE bénéficient en Colombie d’un cadre juridique très attractif.

 

Enfin, la politique économique du gouvernement actuel de Juan Manuel Santos poursuit les mesures libérales entamées dans les années 1990. En témoignent les accords de libre-échange divers dans lesquels est impliquée la Colombie : avec le Canada (2011), les Etats-Unis (2011), l’Union Européenne et le Mexique,... Grâce à eux, la Colombie a accès à un marché de près de 1,2 milliards de personnes, ce qui fait d’elle une réelle plateforme d’exportation.

 

C. Des ressources naturelles abondantes

À partir de 2004, la Colombie est devenue un exportateur net d'énergie.

En 2011, le secteur pétrolier et l'industrie minière représentaient seulement 8 % du PIB, mais 70 % des exportations.

 

  • Le pétrole

Depuis le milieu des années 2000, le secteur pétrolier a vu sa production augmenter de plus de 70%, passant de 588 000 barils/jour en 2008 à 930 002 en décembre 2011. Cela représentait en 2012 environ 8,2 années de réserve.

Cette hausse est en lien avec l’augmentation des réserves pétrolières, évaluées à 2 200 millions de barils en 2013.

 

La Colombie est ainsi devenue le 3ème exportateur de pétrole d'Amérique latine, derrière le Venezuela et le Brésil. A titre indicatif, la Colombie (conjointement au Brésil) fournit aujourd’hui aux Etats-Unis plus de pétrole que le Koweït.

Plus de 160 compagnies étrangères sont aujourd'hui présentes dans l'exploration ou la production d'hydrocarbures en Colombie - dont des majors, les américains Occidental Petroleum et Chevron, le français Total et le canadien Pacific Rubiales. La compagnie nationale se nomme Ecopetrol et détient la majorité des parts.

 

  • Le gaz

La Colombie est aujourd’hui le 43ème producteur de gaz au monde.

On observe sur ce graphique (CIA World Factbook) que la production de gaz a en fait presque doublé dans les années 2000, et cette croissance devrait se poursuivre.

La production devrait continuer à dépasser la consommation, ce qui laisse donc place aux exportations colombiennes, dans un contexte de forte demande des pays émergents.

 

  • Les minerais

La Colombie est bien dotée en minerais. Le pays est le plus important producteur mondial d’émeraudes (60 % de la production), de grande qualité par ailleurs. Il possède également d'importantes quantités d’or, de nickel, d'argent, et de platine.

Par ailleurs, la Colombie possède les plus grandes réserves de charbon d'Amérique latine, et son potentiel hydroélectrique est le deuxième derrière celui du Brésil.

 

  • Les ressources agricoles

A noter également que la Colombie compte des ressources agricoles : bananes, sucres, café et fleurs (70% des importations de fleurs des Etats-Unis viennent de Colombie).

 

D. Un potentiel touristique

Depuis 2006, le nombre de visiteurs a fortement augmenté grâce aux améliorations apportées à la sécurité dans le pays, résultant de la politique de sécurité démocratique du président Álvaro Uribe.

Les visites de touristes étrangers ont progressé de 0,5 million à 1,3 million entre 2003 et 2007.

 

E. D’autres raisons d’investir en Colombie…

™  Pour sa stabilité politique : Contrairement aux idées reçues, la Colombie est la démocratie la plus ancienne et la plus stable du continent sud-américain. De plus, ce pays est le seul du continent à n’avoir jamais demandé de renégociation de dettes.

 

  • ™  Pour ses ressources humaines qualifiées et compétitives : les travailleurs colombiens comptent parmi les mieux qualifiés d’Amérique Latine car le pays possède un très bon système éducatif (taux d’alphabétisation d’environ 95%).
     
  • ™  Pour son marché intérieur : la classe moyenne colombienne ne cesse de croître. Entre 2002 et 2011, les Colombiens de classe moyenne sont passés de 15% à 28% de la population. En 2012, la Colombie compte environ 40 millions de consommateurs de classe moyenne. Ces données n’ont pas échappé à des firmes telles que Carrefour, implanté depuis déjà plusieurs années (69 hypermarchés).
     
  • ™  Pour sa situation géographique stratégique : La Colombie constitue un point stratégique entre les différents marchés de la région. Le pays possède des infrastructures portuaires modernes, tant sur l’océan Pacifique que sur l’océan Atlantique, ce qui facilite les échanges commerciaux avec les pays européens, les Etats-Unis ou les pays asiatiques.

 

II/ Les faiblesses 

A. Les FARC, le narcotrafic et la violence

La violence est aujourd’hui le principal point faible de la Colombie, confrontée aux attaques des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) qui effraient les investisseurs.

Le président Juan Manuel Santos a poursuivi la lutte d’Alvaro Uribe, partisan d’une ligne dure contre les FARC, soit la politique de « sécurité démocratique » ayant pour but le renforcement de l’autorité de l’Etat sur le pays dans sa totalité. Il a par ailleurs obtenu un succès majeur en novembre 2011 avec l’élimination, au cours d’une opération militaire, du chef des FARC Alfonso Cano.

Les négociations de paix lancées fin 2012 entre le gouvernement et la guérilla des FARC, si elles aboutissent, devraient permettre d'améliorer la situation en matière de sécurité et de renforcer la confiance des investisseurs.

En outre, la Colombie est aujourd’hui le deuxième producteur de cocaïne au monde (après le Pérou).

Les cartels de la drogue sont aujourd’hui plus dispersés que dans les années 1980, ce qui rend la lutte contre les narco trafiquants plus difficile.

Cependant, on peut noter des améliorations significatives sur ce point du fait de la lutte des pouvoirs publics contre ce fléau par le biais de la fumigation. Les autorités colombiennes collaborent avec les Etats-Unis sur ce point via le Plan Colombie (aide financière). En 2010, les données fournies par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) font apparaître une baisse de 15% des cultures de coca sur le territoire colombien, avec une surface totale de 62 000 hectares, son niveau historiquement le plus bas depuis les années 1990.

En fait, ce sont dans les départements les plus concernés par la présence de groupes armés illégaux (Caqueta, Guaviare et Cordoba) que la production parvient à se maintenir, voire à augmenter.

Les Etats-Unis et l’Europe continuent d’être les principales destinations des exportations de cocaïne, toutefois, on note un accroissement de la consommation dans les pays d’Amérique latine.
 

B. La dépendance économique

La Colombie souffre d’un manque de diversification de ses exportations et de ses clients.

Les exportations colombiennes concernent principalement des matières premières énergétiques (à hauteur de 71%), dont presque la moitié de pétrole et produits dérivés. Suivent les produits manufacturés, puis les produits agricoles.

Le marché américain reste de loin le premier débouché pour les exportations colombiennes, avec une participation de 38%. Un autre partenaire important pour la Colombie est le Venezuela. Venezuela et Etats-Unis réunis représentent près de 50% des exportations de la Colombie.

Néanmoins, la progression spectaculaire des exportations vers la Chine (+228%), a permis à cette dernière de se situer désormais en deuxième position comme client de la Colombie avec une participation de 6,6% du total exporté. Cependant, tout comme les États Unis, la Chine importe principalement des matières premières énergétiques (pétrole et charbon). 


C. Les obstacles au développement des entreprises

 

D’après le Forum économique mondial de 2012, les préoccupations les plus importantes des entreprises en Colombie sont : la corruption, le manque d'infrastructures, l'inefficacité des services gouvernementaux et les difficultés d'accès aux financements.

 

  • La corruption

La Colombie s'efforce de lutter contre la corruption et, pour ce faire, a ratifié la Convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales.

Cependant, la corruption reste un problème et sa perception nuit au climat des affaires. La corruption touche en particulier les administrations infranationales. En 2011, plus de 100 maires (sur 1 123 municipalités) ont été sanctionnés par l'Inspection générale et plus de 90 % d'entre eux ont été suspendus. Des indicateurs révèlent également que le risque de corruption est important dans certaines des grandes institutions s'occupant de l'infrastructure, notamment celles en d'accorder des permis environnementaux, et les gestionnaires des ports.

 

  • Le manque d’infrastructures

La Colombie connaît un manque d’infrastructures de transports (routes, réseaux ferroviaires et ports) : à titre d’exemple, la densité du réseau routier représente moins d’un dixième de la densité moyenne des pays de l’OCDE. Le gouvernement prévoie d’investir près de 40% des recettes tirées de redevances dans des projets d’infrastructures via l’Agence Nationale des Infrastructures (ANI). La participation du secteur privé à ces projets reste toutefois faible, malgré quelques investissements de la part de certaines compagnies minières dans des installations ferroviaires et portuaires afin de faciliter l’accès au marché. Les partenariats public-privé représentent à peine 0,5% du PIB alors qu’ils peuvent générer de nombreux avantages, notamment concernant l’amélioration de l'efficacité des projets et la mobilisation des financements.

 

  • L’inefficacité des services gouvernementaux

Pour améliorer l'infrastructure et les services publics, la Colombie devra mener des réformes budgétaires ambitieuses. Le cadre budgétaire à moyen terme prévoit une diminution du ratio déjà faible des dépenses publiques : les dépenses structurelles de l'administration centrale tomberaient de 18,4% du PIB en 2012 à 16,1 % en 2023. Il faudra donc améliorer l'efficience des dépenses publiques pour atteindre les objectifs visés en matière d'équité et de services publics.

 

  • La financiarisation

Malgré la croissance rapide du crédit, le degré de financiarisation de l'économie (mesuré par le rapport des prêts au PIB) n'est que de 36 %, soit un niveau relativement faible par rapport ce qui est le cas dans les pays de l'OCDE et les marchés émergents. Les micro, petites et moyennes entreprises représentent 99 % de l'ensemble des entreprises, 80 % de l'emploi privé et 35 % du PIB, mais elles ne reçoivent que 14 % des prêts aux entreprises. Il n'y a souvent pas de succursales commerciales des banques dans les régions éloignées du pays, ce qui limite l'accès des entreprises au crédit. La relation entre l'accès au crédit et la médiocrité de la productivité est plus forte pour les petites entreprises (Eslava et al, 2009).

 

Conclusion 

Si la Colombie n’est pas un BRIC, on peut aujourd’hui l’inclure dans les CIVETS, nouvel acronyme rendu public par la banque HSBC en 2010, et définissant un nouveau groupe de marchés émergents. Bien que cette appellation ne soit pas encore très répandue, elle témoigne cependant de la montée en puissance de la Colombie, pays dynamique qui fait face à ses problèmes actuels.

Passez de la théorie à la pratique avec Saxobank
  • Plateforme dernière génération
  • Compte démo 90 jours
Ouvrez un compte gratuit