La Russie en 2013 : quelles opportunités d'investissement ?

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Par
AMF

Après le Brésil, vient la Russie dans le monde des BRIC. Nous allons à travers cet article faire une analyse de la performance des différentes classes d’actifs russes en 2012, et tenter de soulever des pistes d’investissements pour 2013, car c’est ça qui vous intéresse, n’est-ce pas ? Dans ce dossier, point d’analyse technique (ça c’est à vous de le faire, en reprenant nos articles sur le sujet si vous êtes perdu !), mais plutôt essayer de comprendre si la Russie peut faire votre bonheur de boursicoteur en dénichant quelques pistes intéressantes…

1/ Prévisions économiques pour 2013

On devrait observer un ralentissement de la croissance russe en 2013 à 3% (3.5% en 2012, 4.3% en 2011), mais dans une bien moindre mesure que pour le reste de l’économie européenne. A noter que la Russie est parmi tous les BRIC le pays à avoir connu le plus faible ralentissement dû à la crise de la dette de 2012. L’inflation devrait s’établir entre 6% et 7%. La dette publique devrait quant à elle s’établir à 7.9% (contre 8.4% en 2012 et 9.5% en 2011) du PIB. La consommation des ménages devrait continuer à augmenter grâce à une hausse des salaires et une baisse du chômage, conséquence des réformes récentes prises par le gouvernement Poutine.

Le secteur automobile devrait faire aussi bien qu’en 2012 grâce à des partenariats solides et une demande intérieure grandissante. La Russie est le 1er exportateur mondial de gaz et 2e de pétrole, qui constituent 2/3 des recettes d’exportations et 23% du PIB. Donc, bien sûr, les cours élevés du pétrole sont une très bonne chose pour les exportations du pays, alors que la baisse du prix du gaz en est une mauvaise. Cependant, cette baisse devrait se stopper en 2013.

La politique menée par le gouvernement, ainsi que les démarches administratives et la corruption ambiante sont souvent les arguments mis en avant par les investisseurs pour justifier leur réticence vis-à-vis de ce marché. Néanmoins, 2012 a vu la Russie adhérer à l’OMC et entreprendre des missions d’ouvertures internationales qui soulignent le souhait des dirigeants d’attirer davantage de capitaux.

Enfin, la Russie va accueillir les JO d’hiver de 2014, et compte bien saisir l’occasion pour montrer l’étendue de son potentiel économique. Il n’est donc peut-être pas trop tard pour se positionner à l’achat avant que tout le monde ne remarque la poule aux œufs d’or !

2/ Le marché action russe

Le marché action russe est un marché particulièrement illiquide. Pour vous donner une idée, en 2012, environ 70 000 investisseurs actifs ont été dénombrés sur le marché, alors qu’ils sont plus de 90 millions aux USA ! Les fonds de pension, qui représentent 70% du marché à New-York, ne représentent que 10% en Russie, dû à une législation particulièrement rigide.

Le poids du secteur pétro-gazier dans le marché action russe est considérable. Ainsi, sachez qu’investir dans des ETFs vous exposera nécessairement grandement à ces deux actifs, bien que vous soyez sur une classe action.

Le marché des actions russes est un marché hyper-concentré : Les 10 plus grandes capitalisations du marché concentre près de 60% de la capitalisation totale (Gazprom représente 15.2% à elle seule). Les hydrocarbures représentent environ 45% alors que les 10 titres les plus échangés représentent près de 85% du volume des échanges.

En dehors du secteur énergétique, peu de gens connaissent le potentiel du marché russe. La demande intérieure est actuellement boostée par une classe moyenne en forte croissance et certains secteurs, actuellement valorisés nettement en dessous de ce qu’ils seraient dans un pays de l’Ouest, peuvent sortir leur épingle du jeu.

Parmi ces outsiders, on trouve :

  • Le secteur des technologies, des communications et de l’IT : le développement de softwares est parmi des plus actifs et performant au monde.

  • Le secteur automobile et alimentaire : boosté par la demande intérieure grandissante, le pays devrait devenir le premier consommateur en Europe d’ici 2018. La Russie est déjà le premier marché au monde pour Danone et le 2e pour Pepsico. La grande distribution présente un gros potentiel avec seulement 40% du commerce de détail fait de super et hyper marchés (alors qu’ils représentent 70% en France). Les 10 premiers acteurs ne disposent que de 10% de parts de marchés, contre 80% en France. Il est clair que des leaders devraient s’imposer d’ici peu, reste à trouver le bon cheval…

Jetons maintenant un œil à la performance du MICEX l’année dernière (source : Bloomberg)

investir russie

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On observe une forte chute entre Mars et fin Mai 2012, qui est probablement due à la crise de la dette européenne et le cas Italie-Grèce-Espagne. L’indice se remet péniblement mais fini quand même dans le vert l’année 2012. En YTD (c’est-à-dire depuis le 1er janvier 2013), on est pour le moment à +0.77%, et -4.23% sur 1 an : pas exceptionnel en somme. Est-ce que cela signifie qu’il ne faut surtout pas investir : détrompez-vous. « Acheter bas, vendre haut ! » (Buy low, sell high) est la devise de tout trader. Il faut s’intéresser au potentiel, et aux catalyseurs de hausse ou de baisse.

Les véhicules d’investissement :

Il y a plusieurs moyens d’investir dans des actions russes.

La plus pratique pour un investisseur international est pas le biais des ETFs. Les plus connus sont les suivants :

  • Market Vector Russia ETF Trust (NYSE: RSX)
  • iShares MSCI Russia Capped Index Fund (NYSE: ERUS)
  • SPDR S&P Russia ETF (NYSE: RBL)
  • Market Vectors Russia Small-Cap ETF (NYSE: RSXJ)
  • Direxion Daily Russia Bull 3x Shares ETF (NYSE:RUSL)
  • Direxion Daily Russia Bear 3x Shares ETF (NYSE: RUSS)

Vous pouvez également demander à votre broker de se procurer directement les actions sur le marché russe, mais la commission risque d’être salée…

Certaines compagnies russes peuvent avoir décidé d’émettre une partie de leurs actions sur des bourses étrangères. Le plus souvent, cela est fait sur la bourse américaine/londonienne via des outils appelés ADRs/GDRs, qui représentent près de 38% des échanges quotidiens de titres russes Il peut donc s’avérer plus facile de s’intéresser aux compagnies russes listées sur votre marché (s’il y en a), ou se procurer les actions sur les marchés en questions.

Quelques noms de compagnies russes pour vous permettre de bien commencer : le groupe gazier Gazprom, les pétroliers Rosneft et Loukoïl, les banques VTB et Sberbank, les groupes alimentaires X5 ou Magnit.

3/ Le marché obligataire russe

investir russie 2013

La Russie est l’un des pays les moins endettés du monde, avec une dette qui représente moins de 10% du PIB, alors que la moyenne est de 90% en Europe. Les entreprises se financent en moyenne d’elles-mêmes à hauteur de 37%, 22% vient des aides de l’Etat, 10% des banques alors que seulement 1% en moyenne vient de l’émission de dettes et d’actions.

Jusqu’il y a quelques mois, le marché obligataire russe était particulièrement opaque pour les investisseurs internationaux : seul 6.5% de la dette russe est détenu à l’étranger. La demande intérieure pour la dette en euro est estimée à 40% supérieure à l’offre.

Fin mars 2012, Moscou a lancé une émission d’euro-obligations qui a levé près de 7 milliards et a lancé le coup d’envoi pour la Russie de la conquête des capitaux étrangers.

Il y a environ un mois, des progrès significatifs ont été faits pour permettre aux investisseurs internationaux d’accéder au marché obligataire russe : pour faire court, vous pouvez maintenant acheter de la dette souveraine russe via la plate-forme Euroclear, ce qui vous évite de passer par des brokers locaux, ainsi que les démarches administratives et les frais qui vont avec. Cela devrait inclure la dette d’entreprise dans les prochains mois. Les experts estiment que cela entrainera 20 milliards de dollars d’investissements en 2013, rien que ça !

Il est donc un peu tôt pour se prononcer sur les conséquences en termes d’investissement, mais cette nouvelle va voir affluer des milliards en terres russes, tirant les rendements de la dette vers le bas dû à une hausse de la demande. Nous sommes dans une période de transition sur ce marché, et il est clair que l’ouverture va se poursuivre. Il faut surveiller attentivement la tournure des évènements qui pourrait voir apparaître des opportunités à ne pas rater ; mais il faut également se méfier que tout le monde ne se jette pas dessus : dans ce cas, on assisterait à une telle baisse de rendement qu’elle serait totalement décorrélée des risques encourus.

Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, le rendement de la dette souveraine russe à 10 ans s’est effondré ces derniers mois (-1.8% sur les 12 derniers mois), signe que la dette se vend plus chère, et qu’il y a plus de demande. Historiquement, le rendement moyen à 10 ans est à 7.5%, avec un plus haut atteint en Janvier 2001 à 16.3%, et un plus bas atteint en Mai 2009 (plein cœur de la crise) à 4.9%.

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Illustration de mon propos : Moscou a dû revoir ses prétentions à la baisse il y a quelques jours et a dû “brader” certaines obligations après qu’une émission programmée ait été annulée. Le gouvernement a émis 12.2 million de roubles de dettes à 5 ans à un rendement moyen de 6.2%. On peut attribuer cela à plusieurs raisons : les investisseurs qui disposaient de dettes russes avant Euroclear ont décidé de vendre et prendre leurs bénéfices ; et il n’y pas eu autant de demandes qu’anticipé, signe que les investisseurs sont encore prudents et attendent de voir la tournure que prendront les évènements.

Ainsi, après avoir mené la danse au dernier trimestre 2012 avec les meilleurs rendements de dettes parmi les BRICS, la dette russe a rapporté 0.2% en février, contre 0.8% pour le Brésil, 0.9% pour l’Inde et 0.3% pour la Chine.

4/ La monnaie

Le rouble fait partie des monnaies matières premières, c’est-à-dire des monnaies dont les exportations de matières premières représentent une très grosse partie de l’économie (tout comme le dollar australien ou canadien).

investir rouble 2013

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Au 1er mars 2013, la paire EUR/RUB performait à +2.81% sur 1 an et -1.43% sur 3 ans.

On peut remarquer sur le graphique quelques belles lignes de résistances/supports assez rapidement.

La pression inflationniste est importante en Russie, particulièrement sous l’effet de l’augmentation du prix des biens alimentaires et de l’énergie. Ainsi, l’inflation devrait atteindre 7% en 2013. Les arrivées de capitaux dans le pays devraient alléger les pressions baissières sur le rouble et même engager une appréciation, à condition que le pétrole reste à son niveau, et que la baisse du gaz ne s’accentue pas davantage. Cependant, on s’attend à un rouble volatile car le but affiché de la BCR est la lutte contre l’inflation, qui pourrait se faire au dépend du taux de change. De même, les taux d’intérêts pourraient être relevés, mais dans une moindre mesure afin de ne pas entraver la croissance actuelle du pays.

Finalement, les dispositions prises par le gouvernement évoquées précédemment quant à l’ouverture du marché obligataire ont déjà eu un effet favorable pour le rouble qui devrait se poursuivre dans les prochains mois.

Tout cela nous amène à suggérer une position à l’achat de la paire EUR/RUB à moyen terme.

Conclusion

La Russie est sans conteste un investissement qui mérite votre attention. La question reste la gestion de votre profil risque-rendement. Etes-vous prêts à oublier tous les risques associés à ce pays (politique, corruption, droits de l’homme… et j’en passe), pour avoir accès à ses opportunités ? La volatilité de l’investissement ne doit pas non plus être omise. Quand bien même, vous avez pris votre décision ? Faites part ici de votre avis sur notre belle République fédérale de Russie.

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