Investir sur le Brésil, première économie d'Amérique Latine

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AMF Aperçu de Rio de Janeiro

Premier pays dans l’acronyme « BRIC », première économie d’Amérique latine, 6ème économie mondiale, l’autre géant d’Amérique présente des caractéristiques intéressantes pour les investisseurs, mais aussi certains points faibles. Nous allons tâcher de développer des pistes audacieuses pour faire fortune au pays de la samba.

1/ Prévisions économiques pour 2013

Après avoir affolé les compteurs en 2010 avec un taux de croissance faramineux de 7,5%, le Brésil affiche des chiffres beaucoup plus raisonnables depuis 3 ans (2,7% en 2011, 1% en 2012), et les prévisions pour 2013 s’établissent à 3,3%. L’inflation devrait atteindre 5% cette année ; la dette publique devrait s’établir à 60% du PIB. La consommation des ménages devrait continuer à croître grâce au gonflement des classes moyennes, l’émergence des nouveaux riches et une baisse du taux de chômage (6,2%). Le Brésil est le premier producteur mondial d’éthanol, qui est utilisé comme carburant pour 80% du parc automobile du pays. Dès lors, les variations du prix des commodités, et en particulier des produits agricoles ont un impact significatif sur l’activité économique.

Le Brésil devient également un producteur pétrolier de tout premier ordre grâce aux récents forages en haute mer, à tel point que le pays devrait rapidement pouvoir exporter son pétrole puisqu’il est déjà autosuffisant, pour le plus grand bonheur de Petrobras.

La bureaucratie ambiante, les faibles gains de productivité et la politique protectionniste de Brasilia sont les arguments les plus cités par les investisseurs pour justifier leurs réticences vis-à-vis de ce marché.

Enfin, le Brésil va accueillir en 2014 et 2016 les deux plus gros évènements sportifs planétaires, à savoir la coupe du monde de football et les jeux olympiques respectivement. A ces occasions, le pays compte bien montrer aux yeux du monde entier qu’il peut être à la hauteur des évènements et n’est plus un « pays émergent » mais un « pays émergé ».

2/ Le marché action brésilien

L’indice de référence pour le marché action brésilien est l’indice Bovespa, calculé à partir de 50 sociétés cotées à la bourse de São Paulo. L’indice Bovespa est dominé par le secteur financier (15%), le secteur de l’énergie (14%), et des matières premières (11%). Ainsi, si vous investissez dans des ETF, vous vous exposerez nécessairement à l’évolution du cours des matières premières. Certaines entreprises ont un poids considérable au sein de cet indice : c’est le cas de Vale et Petrobras, qui à elles seules concentrent 17% de la capitalisation boursière de l’indice.

En dehors du marché des commodités, le Brésil présente un potentiel intéressant dans les domaines suivants, poussé par une demande intérieure forte et une classe moyenne en expansion :

  • Le secteur immobilier : l’urbanisation croissante de ce pays, le développement du tourisme et l’accueil d’évènements planétaires majeurs offrent des opportunités incroyables dans l’immobilier. Rien qu’à Rio de Janeiro, on ne dénombre que 20 000 places d’hôtels à l’heure actuelle alors que la ville recevra les jeux olympiques dans trois ans.
  • Le luxe : Tous les jours, le Brésil produit 19 nouveaux millionnaires, ce qui augure des jours heureux pour les entreprises locales, mais surtout multinationales dans ce secteur.
  • Le secteur automobile : dans toutes les gammes, le Brésil illustre parfaitement le statut des BRIC comme refuge pour les constructeurs automobiles qui voient leurs ventes en Europe fondre. Des marques comme Renault trouvent leur salut sur ce marché en figurant parmi les 5 premiers constructeurs dans ce pays. Pour les véhicules hauts de gammes, notez mesdames et messieurs que la concession Ferrari de São Paulo a été celle qui a écoulé le plus de véhicules en 2012.
  • Le secteur alimentaire : le boom de ce secteur devrait profiter aux géants de la grande distribution comme Carrefour. Pour illustrer le dynamisme de ce secteur, sachez que la plus grosse opération de fusion-acquisition d’Amérique Latine a été celle entre Casino et Pão de Açucar, effectuée par la banque brésilienne BTG Pactual.

Jetons maintenant un œil à l’évolution de l’indice Bovespa au cours de l’année 2012. (source Bloomberg).

bovespa

On observe une forte hausse sur les premiers mois de l’année puis une chute de l’indice sur le deuxième trimestre avant une reprise en dents de scie sur les troisième et quatrième trimestres.

5 facteurs expliquent cette sous-performance relative :

  • Une hausse durable du niveau des prix.
  • Le taux de change qui pourrait pénaliser l’industrie si son appréciation devenait excessive.
  • Une hausse du taux directeur attendue qui aurait fragilisée les valeurs boursières très endettées.
  • L’impact de l’intervention de l’Etat sur l’économie brésilienne.
  • Un contrechoc sur les matières premières.

En 2013 jusqu’à présent, l’indice Bovespa affiche une relative sous-performance par rapport à ses pairs internationaux développés et émergents, avec une performance à mi-mars de l’ordre de -6,7%.

Un bon point d’entrée me direz-vous.

Les véhicules d’investissement sur le Brésil

Vous pouvez investir sur le marché brésilien de plusieurs manières.

La plus pratique pour un investisseur international reste par le biais des ETF, qui répliquent la composition et donc la performance d’un indice et vous offrent une exposition globale au secteur ou marché choisi. Les plus connus sont les suivants :

  • MSCI Brazil Index Fund (EWZ) : cet ETF est le plus populaire étant donné qu’il offre une exposition à l’ensemble de l’économie brésilienne.
  • Market Vectors Brazil Small-Cap ETF (BRF): cet ETF propose une exposition à l’économie brésilienne par le biais de firmes transnationales à petite capitalisation boursière.
  • Brazil Infrastructure Index ETF (BRXX) : cet ETF suit la performance des entreprises spécialisées dans les projets d’infrastructure, mais offre une certaine diversification étant donné que les 10 premières entreprises d’infrastructures du pays ne représentent que 50% de l’indice.
  • Brazil Consumer ETF (BRAQ) : cet ETF vous exposera aux marché des biens de consommation, avec une forte pondération sur le sous-secteur de la restauration et de la grande distribution.
  • Brazil Mid Cap ETF (BRAZ) : cet ETF est particulièrement concentré dans les entreprises de service public.

Si vous souhaitez investir dans des actions ou dans des obligations d’entreprise cotées à la Bovespa sans passer par cette bourse de valeurs, sachez que certaines entreprises sont cotées sur plusieurs bourses : c’est par exemple le cas de Santander qui est cotée à Madrid et à São Paulo.

Voici quelques noms figurant parmi les principaux monstres brésiliens : le pétrolier Petrobras, le minier Vale, Gerdau dans la sidérurgie, Itau et Bradesco pour la banque, Cyrela dans l’immobilier, Pão de Açucar dans la grande distribution, Embraer dans l’aéronautique.

Il est en outre possible d’investir directement au Brésil en tant qu’entrepreneur ou par le biais du capital-risque : pour cela, il vous faut investir un montant minimal d’environ 65000 € pour obtenir votre visa de travail et pouvoir devenir associé-gérant de votre entreprise.

3/ Le marché obligataire brésilien

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Comme indiqué précédemment, le Brésil est un pays relativement peu endetté, avec une dette publique d’environ 60% du PIB.

Certains secteurs comme l’immobilier sont sous-bancarisés et n’ont pas recours au crédit pour lancer leurs activités : à titre d’exemple les crédits immobiliers représentent 4% du PIB brésilien, contre 26% pour la France. Au niveau des ménages, la demande de crédit ainsi que son accès sont en augmentation mais restent un phénomène assez nouveau. Le Brésil présente un fort potentiel pour le marché du crédit, et est une des cibles privilégiées des investisseurs qui cherchent à investir dans des obligations d’entreprises à haut rendement. Toutefois, les taux directeurs de la banque centrale, parmi les plus hauts du monde, à 7,25%, rendent l’accès au crédit assez difficile au Brésil, d’autant que l’apport en capital demandé est conséquents, de l’ordre de 60%.

Suite à la politique du Consensus de Washington menée dans les années 1980 et qui a débouché sur une perte de souveraineté pour la plupart des pays d’Amérique Latine, le Brésil s’est désendetté vis-à-vis des grands pays développés – les Etats-Unis en tête – et s’en remet désormais à son marché intérieur pour financer sa dette publique. Ainsi, ce sont en grande partie les fazendeiros (grands propriétaires terriens) et la nouvelle classe émergente du pays qui financent la dette brésilienne. Les étrangers ne possèdent que 14,5% de la dette souveraine du pays.

Aujourd’hui, le Brésil oscille entre protectionnisme et ouverture. L’autre géant d’Amérique a un marché intérieur considérable et une main d’œuvre qualifiée, mais sait qu’il lui faudra s’ouvrir à la main d’œuvre et aux investisseurs étrangers pour décupler son potentiel. Ainsi, Brasilia s’est récemment penchée sur une réforme structurelle des conditions d’accueil des capitaux et travailleurs sur le sol brésilien qui a pour but à terme de faire du Brésil le premier pays d’immigration au monde, devant l’Australie et le Canada. Ce revirement n’en est qu’à ses balbutiements mais augure du tiraillement et des défis auxquels le pays devra faire face.

Outre les mesures protectionnistes, le Brésil pâtit d’une bureaucratie sclérosante, où corruption, lois fédérales et lois nationales s’entremêlent et vous rendront la tâche âpre si vous ne vous armez pas d’un bon despachante (cabinet d’avocat) ou que vous n’avez pas de solides relations politiques.

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Comme l’indique le graphique ci-dessus, le rendement de la dette souveraine brésilienne a baissé ces derniers mois (près de -2% sur un an), ce qui signifie que la dette se vend plus chère, et qu’il y a plus d’appétit pour ce produit.

Pour le mois de février 2013, la dette brésilienne a rapporté 0,8%, contre 0,2% pour la dette russe, 0.9% pour l’Inde et 0.3% pour la Chine.

4/ La monnaie, le Real

Rappel historique : le real est la monnaie officielle du Brésil. Elle y est en vigueur depuis 1994 et succède au cruzeiro, monnaie haïe par les Brésiliens car elle leur rappelle les heures sombres du pays, de la dictature à l’hyperinflation de la fin des années 1980, début des années 1990.

Comme vous l’aurez compris, le real peut presque être considéré comme une matière première étant donné que les exportations de matières premières représentent une part conséquente de l’économie, au même titre que le Russie, l’Australie ou l’Argentine.

Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-après, les 6 derniers mois de 2012 ont été marqués par une dépréciation du real, que les investisseurs ont boudé en 2012 suite à un départ poussif et à une année décevante de la première économie latino-américaine.

Ni la suppression de la taxe OIF sur les achats d’actions et d’obligations, ni les baisses consécutives des taux directeurs de la banque centrale brésilienne n’ont pu empêcher la dépréciation du real.

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La pression inflationniste au Brésil sous l’effet de la hausse du prix des biens alimentaires et de l’énergie est tangible, avec une hausse de l’indice des prix à la consommation de l’ordre de 6% en 2012. Cette pression inflationniste est une des raisons pour lesquelles la banque centrale brésilienne maintient des taux directeurs élevés car elle souhaite à tout prix éviter le spectre de l’inflation - qui hante encore les mémoires des Brésiliens – ainsi que celui du « retour de flamme », scénario envisagé pour la Chine depuis Brasilia. En d’autres termes, le gouvernement brésilien préfère une croissance modérée mais durable plutôt que l’implosion.

On s’attend toutefois à un assouplissement monétaire pour 2013 afin de relancer le pays suite à une année 2012 décevante. Les résultats se mesurent pour ces premiers mois de 2013 sur le taux de change USD/BRL puisque celui-ci semble se stabiliser sous les 2 reals pour un dollar.

Conclusion

Le Brésil est attractif à plus d’un titre et sera sous le feu des projecteurs durant les 4 prochaines années. Ce pays présente des caractéristiques attractives pour un investissement à moyen terme : le risque y est relativement faible mais un certains nombres de réformes – parfois déjà entamées – ainsi que des accès à l’information et aux réseaux locaux privilégiés seront nécessaires pour délivrer des rendements compétitifs.

Tudo bom ? Faîtes-nous part de votre avis sur le pays des plages, du football et du carnaval.

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