Investir en Inde

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AMF Un des joyaux de l'Inde, le Taj Mahal.

1/ L’économie indienne en 2013

En 2012, la croissance de l’Inde s’est établie à 5.2%, ce qui constitue la plus faible croissance depuis une dizaine d’années. Bien entendu, comparé à la moyenne mondiale, ce chiffre reste honorable, vous en conviendrez. L’inflation, quant à elle, s’est établie à 7.7%. Pour 2013, les prévisions de la banque mondiale et diverses institutions s’accordent à dire que la croissance devrait rester autour de 6%, avec une inflation de 6-7%.

Quels seront les défis à relever et les points forts de l’économie indienne en 2013?

Je vais passer sur les termes techniques économiques qui pourraient desservir l’accessibilité de l’article.

Pour commencer, l’économie indienne est une économie de services. Le pays importe énormément d’or et de pétrole. Etant donné le niveau d’inflation, le niveau d’épargne a chuté (environ 29% contre 37% en 2009) et la consommation intérieure a bondi. Cela devient problématique pour le pays qui peine à trouver des financements. Le gouvernement a donc entrepris des démarches d’ouverture, de manière similaire à la Russie, incluant l’augmentation du prix des engrais et du diesel, l’ouverture du commerce de détail aux investisseurs étrangers, et en autorisant les investissements étrangers dans les fonds de pension, l’assurance et l’aéronautique.

De plus, vu l’inflation, la banque centrale ne peut pas se permettre une politique monétaire accommodante ce qui contraint vraiment le pays à se tourner vers les investisseurs étrangers. Néanmoins, le marche s’attend a ce que la banque centrale diminue son taux directeur de 0.5% en 2013,2014 et 2015.

Mais cette ouverture se fait non sans mal : le pays fait face à une bureaucratie et à des problèmes de gouvernance qui viennent ralentir et donc empêcher certaines transactions. La fiscalité est hasardeuse et les recettes de l’Etat ne sont plus suffisantes, ce qui a créé un déficit important en 2012 (5.3%). Un meilleur contrôle des subventions associé à des investissements avisés sont attendus en 2013, mais pas vraiment de réduction dans les dépenses : le gouvernement augmentera probablement ses dépenses sociales et pour le développement rural en vue des élections de 2014. Dans tous les cas, les craintes que le gouvernement tourne populiste seront confirmées ou non lorsque le budget 2013-2014 sera annoncé. Affaire à suivre de très près.

Les secteurs porteurs en 2013

Les secteurs a surveiller pour 2013 sont le secteur du commerce de détail qui va bénéficier de la consommation intérieure, l’agriculture qui continue à progresser, et enfin capitaliser sur une baisse des taux d’intérêts qui devrait globalement bénéficier au marché local. Il convient de garder un œil sur le secteur manufacturier : le gouvernement s’est engagé a augmenter la part du secteur de 16% du PIB actuellement a 22% dans les dix ans a venir, ce qui devrait créer des millions d’emplois. Cependant, l’implémentation d’une telle reforme laisse dubitatif lorsqu’on connait l’orientation prise par l’économie ces dernières années qui ne peut pas être corrigé d’un coup de baguette magique…

2/ Le marché action indien

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, jusqu’au mois de janvier 2012, le marche action indien était fermé aux investisseurs étrangers. Ces derniers ne pouvaient investir qu’en prenant des parts dans certains fonds d’investissements, mais ne pouvaient pas investir directement à leur guise dans leur action préférée. C’est maintenant du passé, suite aux mesures prises par le gouvernement qui devraient permettre d’élargir la classe des investisseurs, d’attirer plus de fonds étrangers, de réduire la volatilité du marche et augmenter l’apport de capitaux.

Cependant, les investisseurs étrangers ne pourront pas acquérir individuellement plus de 5% d’une entreprise indienne, avec l’ensemble des investisseurs étrangers ne dépassant pas 10% des parts.

Le marché s’organise autour de deux bourses: la Bombay Stock Exchange (BSE) et la National Stock Exchange (NSE). La BSE compte environ 4700 actions listées, alors que la NSE en compte 1200. 500 des entreprises listées a la BSE concentre 90% de la capitalisation boursière, les autres actions étant particulièrement illiquides Presque toutes les plus importantes compagnies sont listées sur les deux bourses. La NSE jouit d’une dominance sur le marché comptant, avec 70% du volume environ, et un total monopole sur le marché des dérivés, avec 98% des volumes.

Sur ces deux marches, on retrouve respectivement deux indices phares: le Sensex (BSE) et le S&P CNX Nifty (NSE).

Il est important de noter que tous les ordres sont passés par la bourse, ce qui assure une plus grande transparence (les prix pour chaque transaction sont connus bien que les participants restent anonymes), mais rend le marché moins liquide car certains ordres peuvent ne pas être exécutés.

Voilà pour la petite présentation. Entrons maintenant dans le vif du sujet : Le marché indien a surperformé ses paires en 2012 avec le meilleur rendement parmi les BRICs, et le second rendement cumulatif mondial derrière le DAX Cependant, on a pu remarquer que de nombreux investisseurs ont profité de ce rallye pour retirer leur argent et sortir du marché.

Evolution du Sensex
investissement inde sensex

Evolution du Nifty
investissement inde nifty

On remarque bien que les deux indices indiens ont évolué pendant près de 8 mois dans un canal haussier, et que leur évolution est très fortement corrélé.

Certaines banques prévoient que l’indice Sensex devrait encore progresser de 15 à 20% cette année, battant son record historique.

En terme de fondamentaux, l’Inde est sujette à débat et la robustesse des entreprises est parfois remise en question. Néanmoins, malgré une monnaie faible et une forte inflation, il est clair que l’Inde reste beaucoup plus attractive en termes d’opportunités que l’Europe ou les USA.

De plus, le gouvernement étudie la possibilité de supprimer la taxe sur les transactions, qui vient s’ajouter à de nombreux frais qui rebutent les traders, toujours dans l’optique d’attirer davantage de fonds étrangers. Tout le contraire de la France en fait…

Vous trouverez ci-dessus un tableau intéressant. La première colonne mesure l’écart type (la volatilité) des rendements moyens annuels des index MSCI depuis 2001, qui sont eux donnés dans la deuxième colonne.

inde depuis 2001

Comme vous pouvez le remarquer, l’Inde est en tête, et loin devant les USA. En effet, on observe que les bons rendements moyens annuels (14%) depuis 2001 sont accompagnés d’une très faible volatilité (c'est-à-dire qu’ils sont chaque année relativement proches de 14%). De plus, le faible coefficient de variation (0.96) indique que les rendements parmi les compagnies sont aussi homogènes et peu dispersés, ce qui traduit un phénomène de marché plus qu’une excellence intrinsèque de certains participants.

Donc, pour résumer et faire simple : l’Inde propose des rendements supérieurs à ceux des Etats-Unis, avec une volatilité (= risque) qui est elle trois fois inférieures. Vous hésitez toujours ?

Véhicules d’investissement :

Cette rubrique pour vous indiquer quelques entreprises indiennes qui ont été cités comme potentiels pour 2013 par diverses banques, et qui mériteraient certainement votre considération si vous souhaitez investir en Inde.

  • Axis Bank Ltd. (Finance)
  • Bank of Baroda (Finance)
  • Punjab National Bank (Finance)
  • Tata Consultancy Services (Informatique)
  • Tata Steel (Acier)
  • Bharat Heavy Electrical Ltd (Energie)
  • Larsen & Toubro Ltd (Ingéniérie)
  • Muzuki Suzuki India (Automobile)
  • Reliance industries (Raffinage)
  • Ultratech Cement Ltd (Ciment)
  • HCL technologies (Informatique)
  • ITC (Commerce de détail)
  • Hindustan Unilever (Commerce de détail)

Si vous souhaitez faire au plus simple, et parfois au plus efficace, vous avez plusieurs ETF disponibles pour l’Inde, dont les deux plus populaires sont le Wisdom-Tree India Earnings Fund (NYSE : EPI) et le PowerShares India Portfolio fund (NYSE : PIN). Enfin, l’ETN le plus populaire est le MSCI India Index Exchange Traded Note (NYSE : INP).

3/ Le marché obligataire indien

Le marché s’oriente principalement autour de la dette souveraine. Le marché de la dette d’entreprise est pour le moment trop illiquide et les progrès faits du coté des actions n’ont pas encore été répliqués ici. En outre, des conflits entre le gouvernement et la Banque Centrale, ainsi qu’un système de financement des entreprises qui repose grandement sur des prêts accordés par les banques (et donc, pas besoin de marché obligataire), font parties des raisons. Cependant, on voit les choses s’améliorer petit à petit et on peut espérer un développement prochain de ce marché qui devrait alors regorger d’opportunités.

Contrairement aux actions, un investisseur individuel étranger (comme vous) ne peut toujours pas investir directement dans de la dette indienne, mais doit passer par des fonds d’investissement et suivre une démarche spécifique. Cependant, information intéressante : l’équivalent de la SEC en Inde a augmenté en ce début d’année la limite de détention de dette en rupee par les investisseurs étrangers de 10 milliards de dollars à 75 milliards de dollars. De plus, les investisseurs étrangers peuvent maintenant détenir tout type d’obligation, alors qu’ils étaient limités à de la dette de moins de 3 ans jusqu’à présent. Donc, ce n’est pas facile, mais cela peut néanmoins tout de même se révéler intéressant, vous ne pensez pas ?

Jetons un œil à la performance de la dette souveraine à 10 ans l’année dernière :

dette souveraine inde

On observe un pic de rentabilité en avril-mai 2012, qui correspond étrangement au plus haut de la crise de la dette en Europe, vous avez remarqué ? De janvier 2012 à février 2013, l’obligation a vu son rendement baissé de 0.6 %, signe qu’il y a plus de demande pour cette dernière, et que son prix a augmenté.

Donc, ici, je ne peux pas vraiment être plus concret car les possibilités sont restreintes depuis notre territoire français. Reste à suivre les évolutions prochaines du marché qui pourrait s’ouvrir très prochainement.

4/ Le rupee indien

La monnaie est très fortement liée aux conditions économiques du pays.

Comme mentionné plus tôt, l’Inde importe plus qu’elle n’exporte, et possède un important déficit fiscal. Ces éléments expliquent en grande partie la faiblesse de cette monnaie par rapport au dollar ou l’euro par exemple. Les nouveaux capitaux faisant suite à l’ouverture du marché action soutiennent une appréciation du rupee qui se voit cependant annihilée par les actions de la Banque Centrale pour relancer l’économie.

L’année dernière, le rupee a joué les montagnes russes pour finalement terminer l’année sur une baisse de 3.5% (face à l’USD) par rapport à 2011. C’est l’une des pires performances des monnaies asiatiques.

Taux de change INR/USD (source : Bloomberg)
evolution rupee

On voit bien la baisse enregistrée face au dollar sur l’année, avec un beau rebond fin octobre qui n’a été qu’éphémère.

Quels sont les tendances pour 2013

Le rupee est vu à la hausse cette année. Les capitaux devraient continuer d’affluer en hausse ce qui pousserait le rupee vers le haut, même si l’amélioration de la situation économique, en particulier aux USA, tend à freiner l’afflux de capitaux vers les pays émergents en ce début d’année. Les décisions de la Banque Centrale doivent être attentivement surveillées, bien que les tentatives de relancer l’économie soient déjà freiner par une forte inflation ce qui fait réfléchir la Banque Centrale deux fois avant d’agir.

La moyenne des prédictions en ce début d’année est un taux de change INR/USD à 18.80, mais les prédictions varient grandement, dû aux raisons évoquées précédemment et à l’incertitude concernant les réformes qu’entreprendra le gouvernement à l’approche des élections.

Mon avis : jouer la tendance. La forte volatilité autour de la devise doit servir vos intérêts court terme, mais il est trop hasardeux de se positionner long terme en ce moment.

Conclusion

J’espère que vous en savez maintenant un peu plus sur l’Inde et les perspectives qu’offre ce pays émergent pour 2013. Il y a beaucoup d’incertitude concernant l’économie ainsi que le développement du marché obligataire, mais il est impératif du suivre de près le déroulement des mesures prises par le gouvernement afin de se positionner dès que possible sur ce qui pourrait être la surprise de 2013 !

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