Investir au Cambodge

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Par
AMF

Pays de 15,2 millions d’habitants en 2012, le pays se relève peu à peu depuis les années 1990 d’un passé douloureux (dictature des Khmers rouges, renversements étatiques,...) ayant fait au moins 1,5 millions de morts et traumatisé les Cambodgiens. Le pays est donc aujourd’hui confronté à de nombreux défis (pays classé 138ème sur le plan de l’IDH), mais, comme nous allons le voir, il n’est pas sans ressources pour les relever et devenir un pays attractif en termes d’investissement.

 

I/ Les atouts du Cambodge actuel

A. Quelques données économiques générales

Si le Cambodge a atteint un PIB de 14,25 milliards de dollars USD en 2012, c’est pourtant plus par les taux de croissance de PIB – 6,5% en 2012 – qu’il se détache en Asie du Sud Est parmi ses voisins. Ceci est un fait récurrent des années 2000 : on observe des taux moyens de 8% entre 2000 et 2007, certes un peu entamés par la crise financière de 2008, mais la croissance est de nouveau forte dès 2010 (6,1%).

La répartition des secteurs économiques témoigne d’une prédominance du secteur tertiaire dans la contribution au PIB (41% en 2012), suivi de l’agriculture (34,7%) et de l’industrie (24,3%). Cependant, l’agriculture reste un secteur de poids, étant le plus pourvoyeur d’emplois (à hauteur de 56,7%).

Le Cambodge a fait face en 2012 à un solde commercial négatif de 2,8 milliards de dollars US. Ses exportations (5,2 milliards USD) concernent essentiellement les produits de la confection textile (pour 80%), le caoutchouc et le bois. Les importations (8,5 milliards USD) du Cambodge portent sur les intrants pour la confection textile (40%), les produits pétroliers, les véhicules et les médicaments.

En ce qui concerne l’inflation, elle est en recul avec un taux de 4,5% en 2012 (VS 5,5% en 2011).

La dette externe du pays s’élève à plus de 5 milliards d’euros en 2012 (soit un peu plus de 30% du PIB), une dette qui n’a cessé d’augmenter depuis 2006. Par ailleurs, une partie conséquente du budget étatique (un tiers en 2011) repose sur les dons des bailleurs de fonds internationaux. Selon les données 2013, le budget de l’Etat cambodgien serait de 3,1 milliards de dollars US, en comptant un montant de l’aide de 724 millions de dollars US, soit un peu moins de 25% du budget.

 

 

B. Les opportunités d’investissement

Les IDE ont connu une croissance exponentielle ces dernières années, du fait de politiques macroéconomiques saines, de la stabilité politique, de la croissance économique régionale et de la liberté des projets d’investissements. Les principaux pays investisseurs sont la Malaisie et Taïwan.

Le graphique ci-dessous illustre la provenance des IDE du Cambodge en valeur (%) en 2012.

On constate que l’Asie est très clairement l’investisseur principal du Cambodge, ce qui devrait continuer à être le cas encore quelques années.

 

  • Activités manufacturières

Elles reposent essentiellement sur la production de textile, qui connaît une forte croissance en 2012 (+ 8,6%). Même si les produits créés ont une faible valeur ajoutée, le textile représente 80% des exportations du Cambodge. Notons toutefois une dépendance vis-à-vis des entreprises étrangères (sous-traitance) et des aléas des marchés américain et européen.

 

  • Agriculture et agro-industrie

L'agriculture cambodgienne est principalement basée sur la culture du riz, du maïs – 4ème production du pays en termes de tonnage, mais 2nde source d’exportation du pays – et du tabac ainsi que sur la production de viandes, de poissons, de sucre et de farine. Le pays a un gros potentiel dans la transformation des produits agricoles et l’industrie alimentaire (aujourd’hui quasi inexistante).

 

  • Tourisme

Le Cambodge prévoit 4 millions de touristes en 2013, ce qui correspondrait à une hausse de 12% par rapport à l’année précédente et suivrait le rythme que connaît déjà le secteur. C’est actuellement le principal secteur bénéficiant des IDE car il jouit d’un véritable potentiel de développement.

 

  • Infrastructures

En 2012, le secteur de la construction a particulièrement attiré les investissements directs étrangers. Cette tendance devrait se poursuivre en 2013 ; en témoigne le contrat récemment passé avec deux entreprises chinoises pour un montant total de 11,2 milliards de dollars pour la construction d'infrastructures (usine sidérurgique dans le nord du Cambodge). Le financement des grands projets se fait notamment par voie d’appels d’offre internationaux pour des concessions accordées par le gouvernement avec l’appui d’un bailleur de fonds international.

 

  • Energie (hydroélectricité, hydrocarbures, etc.…)

Deux blocs offshore prometteurs, l’un pétrolier, l’autre gazier, ont été identifiés au large des côtes cambodgiennes. Ainsi, le Cambodge dispose de réserves en hydrocarbures importantes qui devraient commencer à être exploitées dans un avenir proche, ce qui permettrait de réduire la dépendance énergétique du pays.

En revanche, la filière de l’électricité reste sous-développée au Cambodge. Dans ce contexte, le gouvernement a décidé en 2008 de la construction de 2 centrales au charbon et de 6 barrages hydro-électriques, en partenariat avec des entreprises thaïlandaises et chinoises.

 

 

C. L’action gouvernementale en faveur de l’investissement

L’action gouvernementale se situe à plusieurs niveaux :
 

  • Au niveau national

Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures visant à attirer des investissements frileux. Tout d’abord, la politique fiscale cambodgienne fait preuve d’une certaine souplesse avec un impôt sur les sociétés à hauteur de 9%, l’absence de retenue à la source de dividendes, un libre rapatriement des bénéfices et, enfin, la possibilité d’imputer sur les bénéfices les déficits des 5 années précédentes. Soulignons également le fait que la législation sur la création d'une société étrangère au Cambodge soit très souple.

Par ailleurs, le gouvernement ne procède pas à des nationalisations, ce qui laisse le champ libre aux entreprises pour s’installer, pas plus qu’il ne procède à un contrôle des prix.

En outre, les conditions entourant les importations/exportations sont également avantageuses. Citons par exemple l’exonération des droits de douane à l’importation, ou encore l’absence de coût administratif à supporter lors de l’exportation des produits.

 

  • Au niveau global

L’adhésion à des zones d’intégration régionale comme l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est), l’ASEM (Asia-Europe Meeting), ou encore des organisations mondiales comme l’OMC en 2004 (Organisation Mondiale du Commerce) est une preuve de la volonté d’ouverture du pays et de son engagement dans des traitements commerciaux préférentiels. Preuve d’autant plus appuyée par le choix clair de l’économie de marché par les autorités du pays.

 

 

D. Autres atouts du pays

Il existe d’autres raisons d’investir au Cambodge, non liées aux efforts gouvernementaux.

  • ™La main-d’œuvre : comme dans beaucoup d’autres pays asiatiques (Chine, Inde, Thaïlande,…), la main-d’œuvre est compétitive en prix.
     
  • ™Investir dans ce pays, c’est profiter de l’accès au marché de l’ASEAN.
     
  • ™Le Cambodge jouit d’une position géographique stratégique lui permettant de desservir les six pays du Mékong, à savoir : Cambodge, Laos, Vietnam, Chine, Thaïlande et Birmanie.

 

II/ Les faiblesses et risques de ce pays :

A. La corruption

La corruption est certainement le problème le plus important du Cambodge. Ce pays est aujourd’hui l’un des plus corrompus d’Asie, en témoigne l’indice de perception de la corruption du secteur public menée par l’ONG Transparency International. Sur 176 nations étudiées, le Cambodge est classé 157ème en 2012, une situation stable depuis 2009 (158ème), avec un score de 24% de transparence. Par ailleurs, rien ne laisse présager une réforme politique fondamentale qui serait à même d’améliorer des conditions d’investissement au Cambodge dans les années à venir.

Ceci nuit fortement aux capacités d’action du gouvernement, ainsi qu’à sa crédibilité.

 

B. Les lacunes du système judiciaire : trafics en tous genres

De nombreux en direction des pays voisins et un système judiciaire de qualité médiocre pénalisent clairement le développement économique du Cambodge actuel. Parmi les trafics en tous genres, citons le trafic de drogues et la prostitution, malheureusement renforcée par le tourisme (exploitation sexuelle des femmes mais aussi des enfants). Les Nations Unies estiment à 200 000 par an le nombre de personnes victimes du trafic d’êtres humains en Asie du Sud-Est.

Le Cambodge est également impliqué dans le trafic de pierres précieuses et de bois. Fin 2012, un journaliste cambodgien dénonçant le trafic de bois a été retrouvé mort, assassiné.

Le climat qui règne au Cambodge n’est pas sécuritaire, même si le pays est passé du statut de « pays très risqué » au statut de « pays risqué ».

 

C. Le manque d’infrastructures

Les précédents conflits ont laissé des traces au niveau de son réseau de transports, même si le Cambodge cherche aujourd’hui à combler son retard.

Les voies de communication terrestres sont souvent de mauvaise qualité. De plus, il n'y a plus de transport ferroviaire pour passagers du fait de la vétusté de ceux qui étaient en place autrefois. Cependant, leur réhabilitation est en cours et menée par un concessionnaire australien et un français. Ce manque de trafic routier est compensé par la présence de 3 aéroports.

 

D. La faiblesse du système bancaire

Le problème repose sur la carence des banques, qui ne jouent pas leur rôle de financement de l’économie. En effet, elles n’accordent que des prêts à court-terme, à des taux d’intérêts élevés, en échange de 100% de sûretés réelles,… Par ailleurs, des craintes persistent sur la capacité du Trésor à supporter la défaillance de plusieurs établissements bancaires, dans un pays qui compte 37 banques dont 5 dominent le marché. Une douzaine de ces banques, détenant environ 40% des dépôts, sont considérées comme fragiles et menacent la stabilité financière du pays.

Un point positif pour les investisseurs est quand même à souligner : la création de la bourse de Phnom Penh en décembre 2011, et dont la capitalisation boursière devrait atteindre 3 milliards de dollars d’ici 2017.
 

E. Inégalités, faiblesse de la classe moyenne

La population cambodgienne reste en partie assez pauvre, en témoignent les 20% de personnes vivant avec un revenu inférieur à 2$/jour (données 2013). La classe moyenne a du mal à émerger, et reste concentrée sur des dépenses vitales comme le montre le graphique ci-dessous, et même si des améliorations sont à noter depuis quelques années, néanmoins, le marché représenté par les classes moyennes n’est pas très attractif.

 

Conclusion 

Le Cambodge est aujourd’hui un pays à potentiel, mais qui face à de sérieux obstacles. Seules de vraies réformes pourront faire reculer la corruption, progresser l’éducation, augmenter le pouvoir d’achat des ménages,… A l’heure actuelle, les entreprises et investisseurs étrangers ont leur rôle à jouer dans ce développement, d’autant plus que l’avenir proche semble se situer en Asie ! Tiré par la croissance de la zone économique qui l’environne, peu touché par la crise financière, le Cambodge pourrait gagner en attractivité dans les années qui viendront.

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